Le travail d’Ivana Boris est influencé par une rencontre directe et intime avec la nature, comprise comme un ensemble cohérent et organique de forces, d'éléments et de formes de vie. Elle construit sa poétique en rencontrant les éléments, air, terre, eau et feu dans diverses configurations : en mer comme en montagnes, parmi les forets comme sur les glaciers, au travers d’un corps humain comme dans les arbres, ce «Sehnsucht» romantique, ce désir d'infini qui nourrit l'œuvre d'Ivana Boris. [...]
Contrairement à la photographie impérieuse et objectivante d'un célèbre paysagiste comme Ansel Adams, la façon de photographier d'Ivana Boris est résolument subjective, née de ses longues immersions physiques et spirituelles dans des environnements vierges. Dans ce « face à face » avec le paysage, l'artiste recherche le souffle qui semble rythmer chacune de ses photographies. Un souffle qui indique le mouvement des éléments qui peut être rapide comme un océan orageux, ou très lent, comme la formation d'une montagne. Des œuvres de différentes époques sont le résultat d'une recherche liée à la lumière, à une temporalité cyclique, à la connexion des éléments et en particulier, aux arbres et à la mer. Un dialogue imaginaire entre esprit et matière, dans le mouvement et la lumière. [...]
Après l’exposition qui lui a été consacrée à la galerie du musée de la photographie Charles Nègre à Nice et à l’Espace Photographique de Sauroy à Paris, ces derniers années Ivana a mené des résidences de recherche lié à la l’orientation, à la lumière, aux éléments à la Maison-Phare de l’Île Wrac’h, au Sémaphore d’Ouessant dans le Finistère en Bretagne et au Musée Museum de Gap.
Nos avancées technologiques nous portent à croire que nous sommes les maîtres et les dominateurs du monde naturel, nous, les humains, avons oubliés que nous sommes et restons « enfants de mère nature ». La photographie d'amour d'Ivana Boris ne cesse de nous le rappeler : nous sommes un ensemble d'éléments, une combinaison particulière qui n'est pas au centre de la scène, comme le prétendait l'humanisme naïf de la Renaissance, mais qui respire le rythme collectif des organismes et des forces naturelles.
Nicola Davide Angerame
Philosophe, commissaire d’exposition indépendant
Extrait du texte, Dans le souffle des éléments
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