HIPPO-NÉGUENTROPIE
FRACTIONS PERFORMATIVES DÉFINIES
© CHARLÈNE DRAY
En Résidence du 4 au 11 novembre 2014
au CIRQUE JULES VERNE à Amiens
avec le soutien de la SACD et de l'ESAP-Pavillon Bosio
Mon
partenaire artistique est un cheval.
Je
travaille avec lui depuis sept ans. Nous nous côtoyons quotidiennement et, comme
le dit Donna Haraway, ‘‘nous nous dressons l'un l'autre à accomplir des
actes de communication que nous maîtrisons à peine. Nous sommes constitutivement
des espèces de compagnie [...] partenaires réciproques dans nos
différences spécifiques’’. Manifeste des espèces
de compagnie, page 10.
C'est en me détachant de la
tradition équestre que l'on appelle Haute École, que je peux élaborer de
nouveaux outils et établir de nouvelles catégories de pensée pour le cheval sur
scène. A la frontière entre art équestre, scénographie et performance
contemporaine, je poursuis mes expériences en bord de piste, fabricant des espaces [sonores, lumineux et autres]
autour des notions d’ordre et de désordre.
L’hippo-néguentropie,
c’est inventer pour le cheval ; en son nom ; à son intention.
Lors de mes études, j’ai eu
besoin de définir précisément ce qu’était mon matériau-cheval, entre l’incontrôlable et le maîtrisable,
l’aléatoire et le déterminé. J’ai ainsi inventé un mot sur-mesure : Hippo-néguentropie1. Je conçois ainsi des environnements scéniques
maitrisés où je génère des réactions d’ordre naturel optimisant le potentiel
créatif de mon partenaire de scène, le cheval. Dans ces espaces et ces temps
donnés, j’orchestre des fractions performatives où j’imagine toutes les
combinaisons [feintes, finesses, leurres, manèges, ruses et subterfuges]
d’ordre visuels et sonores. Je peux alors composer avec le vivant.
1
Ce terme est un néologisme construit à partir du grec ancien híppos
[cheval] et du mot néguentropie [ou
entropie négative] utilisé en thermodynamique qui décrit un environnement
maîtrisé par un afflux extérieur d’énergie qui maintient son système ouvert.
PROCESSUS CIRQUE
Suite à ma participation au colloque la scène circulaire aujourd’hui, au Cirque Jules Verne à Amiens, en
avril 2014, j’ai rencontré Philippe Goudard2.
Il m’a proposée d’intégrer le programme de la SACD pour le développement du cirque expérimental, sciences et
technologies. J’ai ainsi commencé par une résidence du 5 au 11 novembre
2014 dans ce cirque traditionnel à l’architecture fixe. Ce temps de recherche
s’est finalisé par une présentation publique.
Jusqu’où
l’environnement peut-il influencer le déplacement du cheval ?
Mes expérimentations s’inscrivaient jusque-là dans des galeries,
des parkings et des zones urbaines, sans point de vue unique. En tenant compte de ces nouvelles contraintes et usages,
j’ai mis en place un dispositif immersif donnant l’illusion d’un espace hors
cadre. Dans cet immense volume où tout circule [l’air, le son, la lumière], j’ai
expérimenté toutes sortes de stimuli. Désirant travailler sur la notion de
troupeau, j’avais amené non pas un mais trois chevaux. Par moment l’architecture
du cirque comme celle de mes trois partenaires devenaient les supports de
projection vidéo. En créant des spatialisations sonores, je pouvais suspendre
le temps ou induire leur déplacement. Avec un système de capteurs fixés sur lui
traduisant le mouvement en son, le cheval générait ses propres rythmes ou ses
propres stimuli. J’ai ensuite présenté ces expérimentations sous forme de
séquences afin de faire vivre aux spectateurs des moments poétiques donnant
l’illusion de nature ou de laboratoire jusqu’à des images surréalistes
vivantes…
2
Artiste circassien et scientifique, Professeur à l’Université Paul Valéry –
Montpellier.
PROJETS À VENIR
HIPPO-COSMOS
Résidence de février à mars 2015 à l’Astrorama - Eze (Alpes
maritimes)
Avec le soutien de Monaco Project for the Arts et le Pavillon
Bosio
HIPPO-NEGUENTROPIE acte 2
7ème Festival les impromptus du 02 au 14 juin 2015
à l’Académie Fratellini – Paris
PARCOURS
Née en 1989. Vit et
travaille entre Nice et Monaco.
Charlène Dray a obtenu son DNSEP en Art et Scénographie avec les
Félicitations du Jury, en Juin 2014 au Pavillon Bosio - Ecole Supérieure d'Arts
Plastiques de la Ville de Monaco. Elle est inscrite en Post diplôme au Pavillon
Bosio pour l’année scolaire 2014-2015.
Elle a intégré en octobre 2014, l’équipe du Logoscope, Laboratoire de recherche artistique à media multiples à Monaco.