Le jury était composé de professionnels du monde de la céramique et de l’art. Sur 197 dossiers, 25 artistes représentant 14 nationalités ont été retenus parmi les 428 œuvres proposées. Le jury comprenait Caroline Andrin (artiste), Yamina Benaï (fondatrice et directrice de la rédaction de la Revue GESTE/S), Judith Cernogora (conservatrice du patrimoine, chargée des collections de céramiques contemporaines à Sèvres - Manufacture et musée nationaux), Michel Blachère (Galerie XXI) et Johan Creten (artiste). La sélection reflète la diversité des sensibilités dans le paysage céramique contemporain.
Les pièces retenues ont été Gloomy Bottle et Immarcescibilis
Gloomy Bottle
Démiurgique, défi à la pesanteur. La bouteille totémique annonce un exercice de style, une forme “classique”.
Selon Duchamp : “le titre est une couleur ajoutée au tableau”. Vacuité du gigantisme. La bouteille est “gloomy”. Géant “dépressif”, partie d’une série : Crépuscule Molotov. Cocktail explosif, symbole de luttes asymétriques entre pouvoir et résistance. Cocktail crépusculaire. “Gloomy Bottle” s’impose comme un Gotterdammerung ou un Gotzendammerung (crépuscule des idoles selon Nietzsche). Evocation d’un monde qui disparait, problématique d’une soudaine contemporanéité : la matière VS le virtuel.
Immarcescibilis
5 pétales sur un axe, un tronc. Un bulbe, une corolle, du vert, la pièce est végétale. Les rondeurs s’enchainent. Les courbes parlent de caresses. Elle se dresse dans une volonté ithyphallique de bien fleurir. Comme pour s’enraciner. La matière entame un autre discours. Alternant lisse, rugueux, brillant, mat, elle présente une matière blanche enchâssée, comme autant d’ossicules incrustés dans la peau. On passe à l’animal. Etrange bascule.
Transmutation alchimique, elle éclot comme la concrétisation d’une fleur anthropophage, une image primitive, solide qui nous hante.
Hélène Depotte
